Communications chez les Incas
d'après William H. Prescott "Histoire de la conquète du Pérou" [1847] in "Aztèques et Incas" [Pygmalion ed., 1999, ISBN 2-85704-574-3, p.583]

    [...] << les routes des Incas doivent compter parmi les ouvrages les plus utiles et en même temps les plus gigantesques que les hommes aient exécutés>>.
    Le système de communication de leurs domaines reçut des souverains du Pérou [précolombien] un perfectionnement de plus, par l'introduction des postes, suivant le mode mis en pratique chez les Aztèques. Cependant, les postes péruviennes, établies sur toutes les grandes routes qui conduisaient à la capitale, étaient ordonnées sur un plan bien plus vaste que celles du Mexique. Sur tout le parcours de ces routes s'élevaient de petits édifices, distants l'un de l'autre de moins de cinq milles, dans chacun desquels stationnait un certain nombre de coureurs, appelés chasquis, pour transporter les dépêches du gouvernement. Ces dépêches étaient verbales ou transmises au moyen des quipus, et quelquefois accompagnées d'un fil de la frange cramoisie qui ornait le front de l'Inca, et ce fil obtenait la même déférence implicite que l'anneau d'un despote de l'orient.
    Les chasquis portaient une livrée particulière, annonçant leur profession. Ils étaient tous formés pour cet emploi, et choisis en raison de leur célérité et de leur fidélité. Comme chaque courreur n'avait à parcourir qu'une petite distance, et comme il avait le temps de se reposer à chaque station, ils franchissaient l'espace très rapidement et les messages se transmettaient sur toute l'étendue de ces longues routes sur le pied de cent cinquante milles par jour. La fonction des chasquis ne se bornait pas au transport des dépêches. Ils transportaient fréquemment différents objets pour l'usage de la cour, et, par cette voie, le poisson de l'océan, les fruits, le gibier, et divers denrées des régions chaudes de la côte parvenaient en bon état dans la capitale, et étaient servis dans leur fraîcheur sur la table royale.[...] Les nouvelles des nombreuses provinces étaient rapidement transmises à la métropole, principal foyer où convergeaient toutes les lignes de communication.